Projets immobiliers Cure d’austérité dans l’immobilier : des conditions de travail encore et toujours sacrifiées
28 septembre 2023
Déclaration en CSEE des 27-28 septembre 2023 sur le Schéma Directeur Immobilier Territorial (« SDIT ») pour les sites du périmètre Innovation
« Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les élus,
Après avoir pris connaissance du dossier SDIT (Schéma Directeur Immobilier Territorial) concernant les 22 sites TGI/Innovation en France, la CFDT a révisé l’intitulé de son prochain tract. Plutôt que « Orange, de nouveau leader dans la relance du bâtiment », le titre sera « Cure d’austérité dans l’immobilier chez Orange : des conditions de travail toujours et encore sacrifiées ». En effet, dès la première lecture de ce plan, il apparait clairement que la cure d’austérité se poursuit pour tous nos collègues, et s’amplifie même par les effets de la nouvelle gouvernance du groupe.
Quel est le véritable projet de la Direction, lorsque s’enchaînent des plans de réduction de coûts qui partagent tous la même particularité inquiétante : la dégradation constante des conditions de travail des salarié
Ici, à Gardens, Atalante, bientôt Meylan, Lannion, Blagnac, Caen et tous les sites à terme, on nous entasse aux mépris conjoints des besoins spécifiques de nos activités et du bien-être de chacun de nos collègues. Là, on nous dépouille des forces vives de nos services en supprimant des postes au prétexte des départs que l’on favorise, ne laissant à ceux qui restent plus qu’à choisir entre l’épuisement ou la résignation.
Mais revenons au sujet spécifique du dossier SDIT, que nous regrettons trop succinct lorsque l’on sait combien l’immobilier est l’un de ces sujets qui vient imposer ses préoccupations au cœur du quotidien des salariés.
Madame la présidente, nous vous le demandons, où est donc passé le contrat social ?
La réalité vécue par les salariés sur l’ensemble des 22 sites d’Innovation est hétérogène.
Nous saluons certains aménagements actuels comme ceux de Belfort, Meylan (quoi que ce ne fut que temporaire pour ne pas dire éphémère), Pessac et une partie de Sophia, mais…
Nous dénonçons la dégradation des conditions de travail pour de nombreux collègues en particulier sur les sites suivants – où d’ailleurs vous ne communiquez aucun taux de satisfaction :
ATALANTE :
Avec 4 alertes pour atteinte au droit des personnes dont une pour DGI (Danger Grave et Imminent) [NB : vous pouvez la lire ici] et potentiellement une 5ème alerte qui pourrait concerner l’aile B du 5ème étage en lien direct avec la densité d’aménagement, le site d’Atalante est sans doute celui qui génère le plus de Risques Psycho-Sociaux (RPS.
Des RPS de type : troubles de l’attention et de la concentration, qualité empêchée, relations humaines dégradées, tensions entre des membres de l’équipe, pénibilité et risque de conflits entre les personnes.
Tout comme Gardens, ce site est sans doute à l’image de la cible future de l’immobilier chez Orange avec le regroupement de plusieurs entités dans un unique campus qui s’avère être trop étroit. Ces perspectives sont peu encourageantes et la réalité actuelle nous font douter de la sincérité du dossier quand on y lit des objectifs comme : « offrir aux salariés des environnements de travail de qualité et performants », « Poursuivre l’amélioration des conditions de travail dans les espaces au profit de la santé et du bien-être des salariés », « Améliorer la satisfaction des salariés en adaptant nos espaces aux besoins métiers ». Malheureusement, le vécu de certains de nos collègues nous fait penser que la logique d’optimisation financière, l’objectif n°2, est prioritaire sur les autres objectifs, nous le déplorons.
MARSEILLE :
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La concentration forte avec une disposition peu étudiée prévue dans un espace étriqué le long d’un long couloir de 100m et des toilettes à l’autre extrémité nous interpellent gravement. Nous y retrouvons la logique que nous observons à Atalante et à Gardens : compactage des postes de travail avec une implantation de postes stéréotypés et banalisés dans un espace réduit. Oui, la surface est réduite suite à l’abandon de l’un des 4 bâtiments du site, le D, alors que pourtant c’est le seul dédié tertiaire et que surtout de nombreuses entités arrivent sur place. La CFDT demande à la direction de proposer une zone tampon pour Innovation et DTSI qui se marchent littéralement « sur les pieds ». Il manquera également des ascenseurs, la cantine s’annonce en saturation et les activités locales du CSE seront difficiles à maintenir compte tenu du manque de m². Que doit faire notre organisation syndicale quand managers N+1 et N+2 nous alertent ? Justement une alerte de l’article L. 2312-59 du code du travail ? C’est malheureusement ce qui risque de se produire mais trop tard en 2024.
LANNION :
En juin dernier, nous avons déjà dénoncé le manque d’ambition des déménagements actuels qui concernent plus de 300 personnes (Lire notre article ici et celui de mai ici). Concernant l’avenir avec le projet « newLannion 2027 » qui n’est « que » le 5ème projet immobilier à Lannion depuis 2012, nous espérons que celui-ci se réalisera, les salariés l’attendent, c’est l’unique et vraie garantie d’un avenir certain à Lannion et d’une amélioration des conditions de travail dans des bâtiments qui portent leurs 60 ans.
Nous persistons à revendiquer :
1. La pérennisation d’espaces techniques suffisants et adaptés, sans empiéter sur les espaces dédiés aux bureaux.
2. L’adaptation du taux de partage aux spécificités de Lannion et au faible taux de télétravailleurs sur site.
3. Le copilotage du projet par des collègues du site et par des experts du secteur immobilier.
4. Une haute qualité d’aménagement et environnementale.
5. Un espace suffisant (m²) pour chaque salarié sans dépasser 6 à 8 postes de travail par espace (sauf besoins spécifiques d’une équipe).
6. Un aménagement qui reprenne les bonnes pratiques observées sur les autres sites comme les séparations nettes (cloisons vitrées) des différents espaces (circulation, travail, réunion, convivialité…), des espaces de convivialité pour les échanges informels, du mobilier adapté à l’usage et au potentiel handicap des salariés.
En local, nous sommes disposés à accompagner ce projet.
MEYLAN :
La CFDT dénonce un nouveau projet peu de temps après l’emménagement, qui date de mars 2021.
Selon la CFDT, ramener sur le campus Orange 3 Massifs les collègues d’OBS fait sens. Cela permettra de recréer un dynamisme local. En revanche, mener de front le déménagement des collègues d’OBS à Meylan et la session de 30% de l’empreinte immobilière amène de gros risques pour les conditions de travail des salariés. Localement, ce nouveau projet est incompris. La confiance avec les salariés et les organisations syndicales est rompue. Les promesses faites ne sont pas tenues. Eh oui madame la présidente : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Que dire du retour sur investissement d’aménagements fait récemment et qui vont être cédés aussi rapidement ! Encore une fois, la CFDT tient à rappeler que le Flex-office doit être choisi et non subi par les salariés. Dans ces conditions, quid des salariés en situation de handicap ? Quid des labos ? Quid de positions de travail multi-écrans ?
SOPHIA :
Sophia illustre 2 choses :
1. Un respect très relatif des engagements RSE pourtant réaffirmés dans le dossier « améliorer les dimensions environnementales et sociétales » puisqu’aucun label HQE n’a été appliqué sur ce projet de rénovation, tout comme pour les autres projets de rénovation (Marseille, Pessac, Lannion, Caen, …) tout simplement parce que la législation n’y oblige pas dans ce cas. Dommage.
2. L’absence de restaurant d’entreprise et le cloisonnement du site avec de nombreuses portes à contrôle d’accès qui font que les collègues ne se voient plus. Cela va à l’encontre de l’affirmation « rôle des sites comme fédérateur du lien social ».
PARIS ARCHIVES :
Les collègues sont très inquiets à l’idée de rejoindre le site de Gardens très éloigné et de passer en Flex-office. Certains collègues habitent à l’Est de Paris et le site de Gardens est juste inaccessible pour eux. La proximité avec les équipes d’OBS d’Archives est également nécessaire pour leur activité, les collègues craignent des impacts néfastes.
Globalement,
nous persistons à regretter le peu de partage des bonnes pratiques et des retours d’expérience. Nous continuons d’observer des pratiques d’aménagement qui dégradent les conditions de travail, en particulier des critères dimensionnels minimalistes bien inférieurs à toutes les préconisations comme celles de l’INRS. Nous persistons aussi à penser que certains métiers exigent des bureaux individuels et que le dogme de l’Open-space continue à sévir au détriment des conditions de travail. Les changements des espaces de travail déstabilisent les salariés. Alors que dire aux salariés frustrés quand ils rencontrent en plus des problèmes de réseau, que c’est beaucoup mieux chez eux et qu’ils nous disent « je suis mieux installé chez moi qu’au travail, je ne viens que pour boire le café avec les collègues » ?!
À propos de la température de référence en hiver,
le dossier précise « températures de chauffe à 19°C conformément à la réglementation ». À notre connaissance, il n’y a aucune réglementation en vigueur mais uniquement des recommandations.
En particulier, l’INRS dit ceci :
« Pour assurer de bonnes conditions de travail, l’employeur doit assurer une ambiance thermique adaptée à l’activité physique des travailleurs. Le confort thermique est une sensation liée à la température ambiante de l’environnement de travail et à la nature de l’activité. La température de confort thermique permet à une personne de maintenir, dans ces conditions, son équilibre thermique en utilisant un minimum d’énergie pour lutter contre le froid ou le chaud. Toutefois, la température de confort thermique dépend également des perceptions individuelles, de l’habillement, de la vitesse de l’air, de la température humide et sèche et de rayonnement. En ce qui concerne le travail de bureau, lié à une activité physique légère, la température associée au confort thermique se situe généralement autour de 21 à 23 °C en période hivernale. Des températures ambiantes sensiblement différentes de celles recommandées n’engendreront généralement pas d’effets directs pour la santé des salariés lors d’une activité de bureau. Néanmoins celles-ci peuvent générer un inconfort thermique qui peut être vécu comme une dégradation des conditions de travail, et ainsi possiblement favoriser certains facteurs de risques psychosociaux : augmentation des exigences psychologiques, sentiment de manque de reconnaissance, dégradation des rapports sociaux. ».
En conclusion,
Si nous devions énumérer les points positifs de ce projet, nous ne trouverions que celui-ci : une diminution théorique de notre empreinte carbone, théorique puisque dépendant de l’impact des nouveaux déplacements imposés à nos collègues par la concentration de nos effectifs sur quelques sites géographiques. Et si la CFDT n’est pas opposée par principe à l’organisation du travail en Flex-office, cela ne doit pas se faire au détriment des conditions de travail. La réduction des espaces pour des raisons économiques ne doit pas les dégrader. Le Flex doit être choisi et non subi. L’entreprise se doit non seulement de garantir des conditions de travail optimales pour tous, mais également de travailler à leur amélioration.
À cette fin, nous revendiquons une approche pragmatique pour que cette organisation du travail soit négociée avec les partenaires sociaux.
La CFDT revendique que le ratio salarié-place soit défini pour garantir à chacun l’accessibilité à une place de bureau quand il est sur site.
La CFDT revendique des conditions de travail dignes et satisfaisantes dans les bureaux partagés afin de respecter le droit à la tranquillité et à la concentration de chacun.
Enfin, la CFDT revendique que les instances représentatives du personnel en charge des conditions de travail (CSE et CSST) soient impliquées en amont de toute décision d’aménagement, mises en capacité d’exercer leur droit à formuler des propositions alternatives, et pas seulement informées ou consultées une fois que le projet est quasiment finalisé.
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